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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/250

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

à mon âge, murmura-t-elle avec découragement, après avoir été accoutumée à voir tout confortable autour de moi, comme dans ma maison de Bayswater ; quoique, je l’avoue, l’ennui et les soucis que me donnaient les servantes me conduisissent lentement au tombeau.

— Chère maman, s’écria tendrement Charlotte, il n’y a pas à craindre les inquiétudes où la pauvreté, pour vous ou pour nous. Valentin a de l’argent en abondance, et il est en voie de conquérir une honnête fortune. Les auteurs, vous le savez, ne meurent plus de faim dans des greniers maintenant. Valentin se livre de tout cœur à sa profession et il travaillera pour nous.

— Tant que j’aurai une main pour tenir ma plume, et un cerveau pour la guider, dit Haukehurst avec gaîté, je puis affronter hardiment tous les hasards. Je me sens aussi confiant et aussi heureux que si nous vivions dans l’âge d’or, à l’époque où peines et soucis étaient inconnus aux innocents humains et où toutes les belles choses que produit la terre étaient un don spontané des Dieux. »


CHAPITRE V

L’INDÉPENDANCE DU BOHÈME

M. et Mme Lenoble partirent pour passer leur lune de miel à Brighton.

Une lettre ou un télégramme devait les rappeler rapidement auprès du lit du capitaine s’il survenait quelque changement qui fît craindre un événement fatal. Diana