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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/251

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

voulait rester auprès de son père, mais Paget insista pour que l’excursion de la lune de miel eût lieu et que tout se passât dans l’ordre accoutumé.

« Vous pourrez prendre un appartement à l’Hôtel d’Albion, avait dit le capitaine quelques jours avant le mariage. La maison est très-confortable, et vous serez reçus par un compatriote. Le propriétaire est un Français, et un homme très-distingué, je vous l’assure. Je me rappelle le vieux Heyne, quand Mme Fitzherbert habitait dans le voisinage et recevait la meilleure société ; à l’époque où les bourgeois n’avaient pas encore pris possession de Brighthelstone, et où les pagodes et les dragons chinois étaient dans toute leur fraîcheur et tout leur éclat au Pavillon. »

Les nouveaux époux partirent donc pour Brighton ; Diana emmena à sa suite une femme de chambre, qu’elle avait attachée à sa personne à la pressante et insistante sollicitation du capitaine. La pauvre Diana se demandait ce qu’elle aurait à faire lorsqu’elle l’aurait coiffée de grand matin, et qu’elle l’aurait habillée pour la journée.

« Je pense qu’il me faudra lui acheter des mouchoirs à ourler, dit-elle à Gustave. Il sera mortellement ennuyeux pour elle de n’avoir rien à faire tout le long du jour. »

Le temps était beau et chaud ; la mer dansait et étincelait sous les fenêtres.

Gustave était toujours dans les mêmes heureuses dispositions d’esprit.

Un élégant landau avait été loué pour le temps de leur séjour et deux beaux chevaux les emportaient pour de longues excursions à travers les plus jolis villages du comté ou dans les grandes plaines au-delà desquelles s’étendaient les flots bleus de la mer.