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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

moment, dit le porteur de la traite. Mon associé et moi nous lui avons escompté plusieurs acceptations. Il nous allouait une bonne commission et nous regardions tout papier émanant de lui, comme aussi bon qu’un billet de la Banque d’Angleterre, et maintenant cette maudite traite nous revient par l’entremise de nos banquiers, avec cette annotation : s’adresser au tireur. Chose fort désagréable, vous comprenez, et M. Sheldon est bien inconséquent de nous laisser dans un tel embarras.

— Il aura oublié cette traite, je présume, dit Orcott.

— Un homme d’affaires ne doit pas oublier ces sortes de choses. Ainsi Mlle Halliday a fait un mariage clandestin, dites-vous ? Je me rappelle l’avoir vue quand j’ai dîné à Bayswater, une fort belle personne, et elle s’est enfuie avec quelque galant sans le sou, très-probablement ?… Mais parlons de cette compagnie de Honduras, monsieur Orcott, elle ne paraît pas avoir de bureaux à Londres ?

— Je ne crois pas, nous avons, je pense, de leurs prospectus quelque part. Vous serait-il agréable d’en voir un ?

— Cela me ferait grand plaisir. »

Orcott ouvrit deux ou trois tiroirs et après avoir cherché pendant quelques instants il produisit les documents en question.

C’était un très-ronflant prospectus, promettant d’énormes bénéfices à recueillir par les intéressés des profitables opérations de la compagnie. Quelques noms d’hommes bien posés figuraient dans la liste des Directeurs et le Président était le capitaine H. N. Cromie Paget. Le prospectus avait assez bon air, mais le porteur de la traite impayée n’était pas en disposition de trouver beaucoup de satisfaction dans des phrases bien tournées et de nobles noms.