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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/259

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Il tomba dans une sorte de stupeur, tenant le milieu entre la veille et le sommeil, et sa vie s’éteignit.


CHAPITRE VII

PLUS PUR QUE L’OR

La petite flotte de bateaux de papier que Sheldon avait si savamment lancée sur l’océan commercial eut un triste sort aussitôt après la disparition de l’amiral. Une traite tirée sur la compagnie à responsabilité limitée des Bois d’Acajou de Honduras, arriva la première à échéance. La traite fut retournée au tireur et le tireur était devenu introuvable.

« Je n’ai pas vu Sheldon depuis une quinzaine, répondit Orcott au gentleman qui lui présenta la traite.

— Quinze jours, sans s’occuper de ses affaires ?

— Il y a un mois qu’il ne paraît plus à son bureau. Sa belle-fille a été très-malade, aux portes du tombeau, et tout cela a singulièrement bouleversé mon patron. Deux docteurs venaient chaque jour à la maison. Tous les jours je portai ses lettres à M. Sheldon et je prenais ses instructions. Un beau matin la jeune dame s’est enfuie et mariée sans bruit, aussi je suppose que la maladie était feinte et que ces braves messieurs les docteurs ont fermé les yeux. Joué par eux tous, je suppose que M. Sheldon a été complètement mis dedans et qu’exaspéré il est allé quelque part digérer sa mauvaise humeur.

— J’aurais désiré qu’il choisît pour cela un autre