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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/262

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Le même jour apporta une terrible révélation à George Sheldon, de Gray’s Inn, sollicitor, généalogiste, et chasseur de successions. La réclamation officielle adressée à la Couronne à la requête de Gustave Lenoble fut signifiée par MM. Dashwood et Vernon de Whitehall, et George Sheldon découvrit qu’entre Charlotte Halliday et la fortune laissée par John Haygarth se dressait un prétendant dont les droits primaient les siens, et que par conséquent toutes ses peines, tout l’argent qu’il avait avancé étaient de la peine et de l’argent perdus.

« C’est à se couper la gorge ! » s’écria George, dans la première exaltation de son désappointement.

Il monta à sa chambre à coucher, prit un rasoir, et tâta la surface rugueuse de son cou, l’esprit absorbé dans ses réflexions. Mais le rasoir était émoussé, la peau de son cou lui parut trop coriace, et il arriva à cette décision que l’opération était une affaire qui devait être différée.

Il apprit le lendemain que son frère était exécuté et que, selon son expression, il laissait dans la Cité un joli nombre de poissons dans la poêle à frire.

« Sur ma parole, mon frère et moi nous semblons avoir conduit nos porcs à un drôle de marché, dit-il, mais quelque part qu’il soit allé, je parierais bien qu’il a emporté une bourse bien garnie. C’est égal, je ne voudrais pas avoir ce qu’il a sur la conscience pour toute la fortune des Rothschild ; il est assez triste de voir le visage de Tom Halliday, comme il m’apparaît quelquefois. Qu’est-ce que cela doit être pour lui ? »

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Un peu moins d’une année après, les jaunes moissons s’agitaient sous la brise dans les plaines de la Normandie, les fruits mûrissaient dans les vergers, les touristes