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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/263

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

se baignaient dans les eaux de la belle plage de Dieppe, les chevaux et les jockeys se rompaient les os dans les steeple-chases normands, et d’enragés joueurs perdaient leur argent à tous les jeux frivoles qu’offre l’établissement de Dieppe, et là-bas, au cœur de la Normandie, au delà des hauts clochers de Rouen, une heureuse famille était réunie au château de Cotenoir.

Une heureuse famille, deux heureuses familles devrions-nous dire, mais elles étaient si bien unies par les liens de l’amour et de l’amitié qu’elles semblaient n’en former qu’une.

Là, se trouvaient Gustave et sa jeune femme, Diana, ayant à leurs côtés deux grandes demoiselles, puis Valentin, le jeune auteur en réputation, et sa charmante femme Charlotte.

Plus loin, sur la terrasse, deux nourrices portant deux bébés, à cette période peu agréable de l’enfance, où il faut constamment les promener au grand air en les berçant dans ses bras, pour obtenir une apparence de tranquillité. Mais, aux yeux des deux jeunes mères et des deux pères, fiers de leur paternité, ces petites créatures dans leurs longues robes blanches, semblaient des anges trop beaux pour cette terre.

Les âges réunis des deux bébés ne donnaient pas un total de six mois, mais les mères avaient compté toutes les phases graduelles de ces jeunes existences, et il leur semblait qu’il n’y avait pas pour elles d’épargne antérieure à la naissance de leurs enfants, tant elles étaient sous l’empire des folles idées qui s’emparent du faible cœur des mères.

Mme Haukehurst avait amené son fils pour lui faire voir sa tante Diana, car Diana avait insisté pour que ce titre lui fût décerné par lettres patentes.