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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/266

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

sans doute sa consolation dans le témoignage de sa conscience et quittait la cour la tête haute, pour aller se mettre en quête de quelque nouvelle demoiselle opprimée ou de quelque autre passant blessé.

Quelque petit profit advint à Sheldon de Gray’s Inn de la succession Haygarth, car à la demande de Lenoble MM. Dashwood et Vernon lui envoyèrent un chèque de mille livres comme prix des recherches auxquelles il s’était livré dans le principe, et qui avaient mis l’astucieux capitaine sur la bonne piste.

Il écrivit une lettre de remercîment à Lenoble, après avoir reçu ses honoraires. Il est toujours bon de se montrer reconnaissant envers un homme riche, mais au fond du cœur il exécrait l’heureux héritier des millions de la succession Haygarth.

Haukehurst n’était pas aussi véhément dans l’expression de ses sentiments que l’expansif Normand ; mais au fond de son cœur, le sentiment du bonheur n’était ni moins pur ni moins exalté.

La Providence lui avait accordé plus qu’il n’avait jamais osé espérer, non pas les millions d’Haygarth, non pas une vie d’oisiveté luxueuse, et les fêtes du Derby, et les grands dîners, et les loges d’opéra, et les équipages attelés de chevaux à cinq cents guinées la paire ; il n’avait pas un palais dans Belgrave, un pavillon de chasse dans les montagnes d’Écosse, et une villa à Cowes, rien de tout ce qui lui avait paru jadis le bien suprême, mais une belle rémunération de son travail, une jeune femme qu’il adorait, et un intérieur tranquille.

Pour lui non plus, ses recherches dans les archives poudreuses pour retrouver les héritiers de John Haygarth n’avaient pas été tout à fait infructueuses, pécuniairement parlant.