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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/283

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

nité, je suppose, dit Valentin avec une certaine amertume.

— Probablement oui, je ne vois pas ce qui pourrait l’atteindre dans l’avenir… comme de raison, il pourrait être arrêté pour cette affaire des traites, s’il se mettait dans le cas d’être pincé, mais c’est un trop habile homme pour s’y exposer. »

Sur ces observations, George changeait de conversation.

Que l’exil de son frère du pays natal dût durer autant que sa vie, il n’en doutait pas : mais ce qu’il tenait pour certain, c’est qu’en quelque pays lointain qu’il eût été chercher un refuge, il avait dû s’arranger pour prospérer et se montrer la tête haute dans son pays d’adoption.

Sheldon, de Gray’s Inn, resta dans cette croyance jusqu’à la veille de Noël, une année après les événements qu’il désignait laconiquement comme la débâcle de Baÿswater.

Le mois de décembre touchait à sa fin ; il avait été horriblement dur, et le cœur de toute l’Angleterre était ému de passion comme le cœur d’un seul homme.

Les colonnes du Zeus, du Diurnal Hermès, du Flag et de l’Hesper étaient remplies de souscriptions pour des œuvres de charité ; et tous les premiers articles des journaux du matin prêchaient le même sermon sur le même texte.

Les toits étaient couverts d’une forte couche de neige, une boue épaisse s’attachait aux pieds dans les rues fréquentées, et les gueux et les mendiants de la grande cité étaient en joie.

Les idéales fêtes de Noël de nos rêves semblaient arrivées enfin, et les cœurs des vrais enfants de la Grande-