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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/282

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Il n’avait pas l’idée qu’une pareille existence pût avoir rien d’ignoble. Non, en vérité, quand il avait payé son loyer, son clerc, sa blanchisseuse, sa note de la taverne, et les rafraîchissements qu’il offrait à ses amis, il allumait un cigare, mettait les mains dans ses poches et se promenait, convaincu qu’il avait accompli tous les devoirs imposés à un homme.

« Il y a des hommes que leur genre d’affaires oblige à avoir une maison montée, à aller deux fois par jour à l’église et à toutes ces sortes de choses, se disait-il. Je n’hésiterais pas à affirmer qu’ils doivent trouver que c’est une rude corvée. Mes clients se soucient fort peu de la manière dont je vis et si je vais à l’église le dimanche. Aussi, je préfère gagner mes cinq livres par semaine en gardant ma liberté, à toutes les plus belles relations de famille du moment. »

Le sort du misérable qui avait disparu de son ancien milieu, et qui était allé vivre on ne savait où, troublait fort peu la tranquillité d’esprit de George.

« Soyez persuadé qu’il est retombé sur ses pieds, disait-il à l’occasion, quand la conversation était mise sur le sort de Philippe, entre lui et Valentin. Il s’arrange pour vivre confortablement de manière ou d’autre, vous pouvez m’en croire. Mais je doute qu’il remontre jamais son nez à Londres après son opération des fausses traites. L’exaspération est grande contre lui dans le monde financier. Il est regardé comme une honte pour la corporation, dont les membres agissent rarement aussi mal qui l’a fait. Non, je ne pense pas que Philippe se remontre jamais à Londres, mais un homme de sa sorte trouve toujours, n’importe où, un théâtre pour y exercer son industrie…

— Et il arrivera au terme de ses jours, dans l’impu-