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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/285

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

qui chante aussi bien que Mario lui-même, et qui pourrait gagner une fortune, s’il n’était pas au-dessus de cela par sa position. Je vous ferai goûter d’un Madère dont vous ne trouveriez pas le pareil sur la table des plus nobles personnages… si vos affaires vous mettaient en relation avec les gens de la noblesse, ce qui n’est pas, nous le savons l’un et l’autre, mon vieux camarade. »

Et le joyeux garçon gratifia Sheldon d’une tape amicale sur le ventre.

George accepta l’invitation, sans enthousiasme, mais assez satisfait de s’assurer un bon dîner chez un homme qui pouvait devenir un bon client, et dont la maison n’était pas à une distance du centre de la ville exigeant une course en cab sortant des prix raisonnables.

« Les cochers sont assez exigeants, surtout en ce moment, pensa-t-il, mais je ne pense pas qu’ils essayent de me rançonner. Au surplus s’il l’essayait nous avons le bureau de police et d’ailleurs une promenade de cinq milles ne m’effraie pas. »

Ayant disposé ainsi de sa journée de Noël, George s’abstint d’aller jouir des délices de la conversation à sa taverne, la veille de Noël, et resta chez lui à s’occuper de ses affaires.

Son clerc le quitta à l’heure accoutumée, mais le patron resta fort tard à écrire des lettres et à compulser des dossiers pendant que la neige fouettait les carreaux des fenêtres et couvrait d’un tapis blanc la place tranquille sur laquelle était située sa maison.

Il venait de mettre de côté ses papiers et d’allumer un cigare, quand il fut surpris par un coup timidement frappé à la porte extérieure.

Les visites à une heure aussi avancée de la soirée n’étaient pas une chose inaccoutumée pour lui, vu qu’il