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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/294

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

pant ce coin pour venir m’empoisonner, ou me couper la gorge. Vous vous glisseriez dans ma chambre au milieu de la nuit, vous me mettriez un oreiller sur le visage, et vous me tiendriez sous votre genou, jusqu’au moment où vous en auriez fini avec moi, puis vous partiriez avec tout ce que vous auriez pu emporter et vous iriez recommencer la même chose contre quelque autre. Je vous le dis, Philippe, je ne veux pas avoir de relations avec vous. Vous avez échappé à la potence, mais il y a quelque chose de pire que la pendaison, c’est l’état d’un homme auquel personne ne peut se fier. Vous en êtes arrivé là, et s’il vous restait un sentiment honnête au cœur, vous auriez acheté une corde et vous vous seriez pendu plutôt que de venir pleurer misère à mes pieds. »

Philippe bondit, et presque au même instant, George entendit le bruit sec d’un couteau qui s’ouvrait.

« Ah ! s’écria-t-il, voilà ce que vous voulez, n’est-ce pas ? »

Il se pencha sur son bureau les yeux fixés sur les yeux enflammés par l’esprit du mal qui conservaient une certaine ressemblance avec les siens et, le bras gauche levé pour protéger sa tête, il chercha avec la main droite quelque chose dans un tiroir.

Ce fut l’affaire d’un moment.

Philippe avait saisi le bras gauche que son frère tenait levé et s’y était accroché avec son couteau entre ses dents, quand George lui présenta la gueule d’un revolver.

« Il y a bon nombre de bêtes féroces à Londres, sans vous compter, dit-il, et je ne suis pas assez fou pour n’avoir pas des moyens d’égaliser les chances en cas d’une visite de gens de votre sorte. Jetez votre couteau et partez. »