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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/298

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

À demi enivré par les boissons qu’il avait absorbées sur sa route, dans le demi-délire de la fièvre, il se figurait qu’il pourrait pénétrer dans quelque maison mal défendue et y voler de quoi se procurer de la nourriture et un abri.

Que cette maison soit celle de Valentin, l’homme qui avait déjoué ses plans et l’avait précipité dans la ruine ! S’il fallait qu’il y eût du sang versé, que ce sang soit le sien !

Jamais homme n’avait été plus résolu à commettre un meurtre que celui qui traversait la plaine de Wimbledon à onze heures du soir, la neige lui fouettant le visage et avec un tremblement de fièvre qui à tout moment venait agiter ses membres endoloris.

Heureusement que sa main n’avait pas la force nécessaire pour exécuter les mauvais desseins arrêtés dans son cœur.

Il atteignit la petite auberge qui avoisine la porte du parc de Richmond, juste au moment où les volets se fermaient et demanda à l’homme qui s’acquittait de ce soin, s’il n’existait pas quelqu’un du nom de Haukehurst dans le voisinage.

« Que voulez-vous de M. Haukehurst ? demanda l’homme d’un ton méprisant.

— J’ai une lettre pour lui.

— Vraiment ?… Quelque lettre de mendiant, je présume.

— Non, c’est une lettre d’affaires. Vous feriez mieux de m’indiquer sa demeure s’il est une de vos pratiques. L’affaire est particulière.

— Oui, n’est-ce pas ?… singulier messager pour lui confier une affaire particulière. La maison de M. Haukehurst est la troisième que vous rencontrerez de l’autre