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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/303

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

— Si je me la rappelle ! C’était la première fois que la sainteté de ces fêtes de Noël s’était révélée à mon cœur. Mais rentrons au salon, prenons place devant le feu et racontons des histoires de revenants, Lenoble nous dira la légende de Cotenoir.

— Valentin, murmura Charlotte, savez-vous qu’il est près d’une heure du matin ?

— Et il faut que nous allions à l’église demain matin, et que Lenoble se rende à Kingston pour la messe qui se dit de bonne heure. Remettons les histoires de revenants pour la veille de la nouvelle année. Lenoble nous lira le nouvel an de Tennyson pour nous prouver ses progrès dans la langue anglaise. Montrez-nous le chemin, madame Haukehurst, votre esclave obéissant vous suivra. Maman nous attend au salon s’étonnant sans doute que nous tardions autant à rentrer. Et Nancy erre comme un fantôme à travers la maison, oppressée par la terrible responsabilité du pudding de demain. »

Leur départ fut suivi d’un bruit de verrous et de chaînes, et pour la seconde fois ce soir-là, Philippe entendit une porte qui se fermait contre lui.

Quand le bruit des voix se fut éteint, il perdit de nouveau la conscience des choses extérieures.

Il s’imagina de nouveau qu’il était sur les marches de l’escalier de la maison de Gray’s Inn.

« Ne soyez pas aussi dur pour moi, George, murmura-t-il d’une voix défaillante, si ma chair et mon sang se tournent contre moi, vers qui porter mes regards ? »

Nancy ouvrit la porte le lendemain matin, quand il y avait encore combat entre la nuit et le jour.

Pendant toute la nuit, la neige était tombée sans