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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/174

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LA FEMME DU DOCTEUR.

si solide !… On ne fait plus aujourd’hui des chaises et des tables comme cela.

— C’est vrai, — murmura Izzie avec un soupir, — et je n’en suis pas fâchée.

Puis tout à coup elle croisa les mains sur le bras de son mari et le regarda avec des yeux dilatés et brillants d’enthousiasme.

— Ah ! George ! — s’écria-t-elle, — il y avait dans une des boutiques de Conventford une ottomane assez grande pour trois personnes, avec de petites tablettes destinées à supporter les tasses et les soucoupes des personnes assises et un espace réservé au centre pour des fleurs ! Et je l’ai marchandée ; — j’aime beaucoup à marchander, cela fait presque autant de plaisir que d’acheter, — et cela coûtait seulement onze livres dix shillings, et je suis certaine qu’on ferait un rabais. Ah ! George, si tu voulais changer le parloir en salon, et mettre l’ottomane au centre, des rideaux de perse brodés de rose aux fenêtres, faire tapisser les murs avec un papier blanc glacé, et ajuster des jalousies aux fenêtres…

George mit sa main sur la jolie bouche dont les paroles s’échappaient si rapidement.

— Doucement, Izzie ! — dit-il. — Veux-tu donc me ruiner avant la fin de l’année ? Toutes ces belles choses feraient un trou d’une centaine de livres. Non, non, ma chère ; notre parloir a suffi à mon père et à ma mère et il doit suffire à toi et à moi. Petit à petit, quand ma clientèle s’accroîtra, et j’ai beaucoup de raisons pour espérer cet accroissement, nous songerons à faire l’emplette d’un nouveau tapis de Kidderminster… quelque chose d’économique à dessin américain par exemple… mais jusqu’à ce moment…