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LA FEMME DU DOCTEUR

journée, et Mathilda avait préparé un panier de provisions contenant du porto et du sherry pris au Cock, et toutes sortes de gourmandises à la mode de son pays. George avait écrit à Raymond, pour l’inviter, ainsi que les orphelines, cela va sans dire, à se joindre à lui et à sa femme pour une visite au château de Warncliffe, la curiosité du pays. Raymond avait accepté ; tout avait donc été soigneusement arrangé et scrupuleusement caché à Isabel.

Isabel fut très-contente lorsque son mari lui apprit de grand matin la fête projetée pour la journée. Lorsqu’elle reçut cette nouvelle, elle arrangeait ses longs bandeaux noirs en se regardant dans un petit miroir accroché à la fenêtre ouverte. Elle courut à la garde-robe pour voir si elle avait une robe de mousseline fraîche. Oui, il y en avait une : la même qu’elle portait le jour du déjeuner champêtre à Hurstonleigh. George fut enchanté de voir sa joie, et il s’assit sur le bord de la fenêtre, la suivant des yeux pendant qu’elle arrangeait son col et qu’elle se mettait au cou un petit ruban, tout en s’admirant dans la glace.

— Je veux recommencer la journée de l’année dernière, Izzie ; cette journée où je t’ai demandé de m’épouser. M. Raymond doit apporter la clef du parc de Hurstonleigh, où nous nous rendrons en voiture après avoir visité le château. Nous déjeunerons comme la première fois, et de là nous irons voir la même ferme modèle pour prendre le thé. En un mot, ce sera exactement la même chose.

Ah ! George ! George !… es-tu assez ignorant des choses de ce monde pour ne pas savoir qu’aucun jour de la vie n’a son pendant, et qu’essayer d’amener