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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/221

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LA FEMME DU DOCTEUR

Sa mère mourut, et ce grand découragement à faire quelque chose de bon et de grand dont elle aurait pu être fière et heureuse, mourut avec elle. Roland laissa le meilleur de son cœur dans le petit cimetière protestant de Nice. Hélas ! le grand malheur de son existence l’affligea davantage en cette circonstance. Il n’avait pas la foi ! Pour lui, l’espérance ne faisait pas entendre son doux murmure au milieu des tempêtes du désespoir. En vain, en vain s’efforça-t-il de regarder au delà de ce tombeau caché dans le midi de la France. Il pria — mais il est probable qu’il pria mal, car la lumière ne lui vint pas. Il revint en Angleterre, fit les brillants discours dont j’ai parlé, et alla sans vanité chercher la sympathie et la consolation auprès de la personne qu’il aimait le mieux après la mère qu’il avait perdue. Cette personne, c’était lady Gwendoline Pomphrey, sa fiancée, la nièce chérie de sa mère.

Il y avait eu entre lady Anna Lansdell et son fils une sympathie si complète que le jeune homme, presque à son insu, s’était laissé influencer par les préférences maternelles. Elle aimait beaucoup Gwendoline, et, lorsque les deux familles étaient dans le Midland, Gwendoline passait la plus grande partie de sa vie chez sa tante. Elle avait deux ans de plus que Roland et c’était une jeune personne fort belle. C’était une beauté fragile, aristocratique, ayant des mouvements d’une élégance hautaine, et des yeux bleus aux regards froids qui eussent glacé l’âme d’un jeune Lawrence audacieux. Elle était belle, maîtresse d’elle-même, et avait reçu une éducation parfaite, et lady Anna Lansdell ne se fatiguait jamais à chanter ses louanges. Aussi le jeune Roland, tout frais débarqué