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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/271

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LA FEMME DU DOCTEUR

— Ceci est très-intéressant ! — s’écria la jeune femme avec un éclat de rire argentin.

Les yeux d’Isabel se dilatèrent de plus en plus et se fixèrent sur le visage de Roland.

— Racontez-nous ça, je vous prie, — continua Gwendoline. — Nous ne pouvons vous promettre de ressentir une grande terreur, parce que la mise en scène d’une histoire de revenants nous fait défaut. S’il était minuit et que nous fussions dans le salon lambrissé en chêne, que les lumières tirassent à leur fin, et que nos ombres tremblassent sur les murailles, vous feriez ce que vous voudriez de nos nerfs. Et cependant je ne suis pas certaine qu’un fantôme ne serait pas plus effrayant en plein jour, marchant sur la pelouse et s’évanouissant lentement pour se confondre avec les larmes de la fontaine. Allons, Roland, dites-nous l’histoire de cette prédiction. Vous fut-elle faite par une jolie fille portant une colombe sur le poignet comme le fantôme qui apparut à lord Lyttleton ? Serons-nous obligés de retarder l’horloge d’une heure afin de tromper les desseins de votre impalpable ennemi ? Ou bien avez-vous eu affaire au chat, à l’huissier, ou au squelette, ou à tous trois ensemble.

— Je suis certain que cela était dû à l’état anormal des organes de la forme et de la couleur, — dit Raymond. — C’est là le fondement de toutes les histoires fantastiques.

— Mais ce n’est nullement une histoire fantastique, — répondit Roland. — L’homme qui m’a prédit une mort prématurée était tout l’opposé d’un fantôme, et l’endroit où la prédiction fut faite n’a pas encore été entouré d’épouvantements surnaturels. Parmi toutes