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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/272

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LA FEMME DU DOCTEUR.

les légendes d’Old Bailey je n’ai jamais entendu parler d’une histoire de revenants.

— Old Bailey ! — s’écria Gwendoline.

— Oui. C’est toute une aventure et la seule que j’aie eue de ma vie.

— Racontez-nous cela, je vous en prie.

— L’histoire est assez longue et n’est pas très-intéressante.

— J’insiste pour l’entendre, — dit Raymond ; — vous avez stimulé nos organes d’étonnement et vous êtes tenu de remettre nos esprits dans leur état normal en satisfaisant notre curiosité.

— C’est évident, — s’écria Gwendoline en s’asseyant sur un banc rustique, les plis soyeux de sa robe étalés autour d’elle comme le plumage de quelque oiseau magnifique, et son élégante ombrelle tenue obliquement un peu au-dessus de sa tête et jetant mille ombres fugitives et rosées sur son visage animé.

Elle était très-jolie lorsqu’elle était animée ; ce n’était que lorsque son visage était calme qu’on voyait combien sa beauté était fanée depuis le temps où le portrait au front élevé et aux boucles si longues avait été offert à l’admiration publique. Peut-être Gwendoline n’ignorait-elle pas cette particularité, car elle s’animait volontiers sous le plus léger prétexte.

— Soit, je vais vous raconter cette histoire, puisque vous le désirez, — dit Roland ; — mais je vous avertis qu’elle n’a rien d’émouvant. Je ne crois pas que personne ici prenne quelque intérêt aux procès criminels ; mais celui dont je vais vous parler eut un certain retentissement à cette époque.

— Un procès criminel ?

— Oui ! J’étais à Londres, il y a deux ans environ. Je