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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/30

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LA FEMME DU DOCTEUR.

présentait un chaos de cordonnets enchevêtrés, de bobines, et de fils multicolores assez semblables à du vermicelle. Il y avait un vieux pupitre recouvert d’une étoffe verte poudreuse et orné de cuivres démantibulés qui s’accrochaient aux vêtements et écorchaient les mains quand on le changeait de place. Il était ouvert comme la boîte à ouvrage et était rempli de papiers que le vent avait disséminés sur la table et sur le parquet. Sur une petite table boiteuse près de la fenêtre, il y avait une boîte à couleurs en mauvais état, un pot à gomme d’où sortait une collection de pinceaux, une demi-douzaine de scènes et portraits dramatiques de Skelt perdus sous des fragments de clinquant, des morceaux de satin multicolores, et des petits paquets soigneusement ficelés de pointillés d’or et d’argent que le profane aurait pu prendre pour des poudres. Il y avait quelques livres déguenillés sur un rayon près de la cheminée ; deux ou trois sortes d’encriers sur la tablette ; un petit théâtre de bois avec sa scène en plan incliné et ses lampes en étain, dans un angle, sur le parquet ; une ligne à pêcher et ses accessoires dans un autre, et, à travers tout cela un déluge de cahiers, de crayons à ardoise, et de grammaires Latines déchirées dont une moitié de couverture pendait encore grâce au fil solide qui l’avait recousue. Tous les objets qui meublaient cette chambre avaient mauvais air et étaient plus ou moins cassés ; aucun n’était propre et sur tous les enfants avaient laissé des traces indélébiles.

Le système de Sleaford avait du bon : « Quand vous avez des garçons, criez au pillage ; fermez votre bourse au peintre et au charpentier, au plombier et au vitrier, au marchand de meubles et au jardinier ;