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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/121

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LA FEMME DU DOCTEUR

déjà si avancé et impatiente de la cacher quelque part aussi promptement que possible. Le banc était monumental, carré, très-élevé, et garni de rideaux passés, attachés à de vieilles tringles de cuivre. Il y avait un grand nombre de prie-Dieu et une pile énorme de livres de prières, de recueils d’hymnes dans l’angle le plus sombre : Isabel assise au milieu de ces objets se sentit aussi complétement cachée que si elle avait été dans une tombe. Les prières venaient d’être dites, — les prières familières qui avaient si souvent frappé comme une cadence somnolente de mots dénués de sens ses oreilles distraites, pendant que ses pensées vagabondes et folles s’occupaient du maître du Prieuré de Mordred.

Elle entendit les pas du prêtre s’approcher lentement par l’aile garnie de tapis, le bruissement de sa robe qu’il remontait sur ses épaules ; elle entendit la porte de la chaire se fermer doucement ; puis une voix, une voix lente, et grave, qui retentit avec une douce solennité dans le silence, récita la prière préliminaire. Il y a des voix qui font pleurer, — des voix qui touchent douloureusement sur quelque ressort caché en nous, et qui ouvrent les écluses de nos larmes. La voix du vicaire de Hurstonleigh était une de celles-là. Il était simplement vicaire ; mais il était très-populaire dans le village modèle, et la rumeur de sa popularité était déjà parvenue jusqu’aux villes et villages des alentours.

On délaissait en foule son église paroissiale, un certain dimanche, pour venir entendre M. Colborne prêcher un de ses sermons vivifiants. Il était renommé pour ses sermons vivifiants. Les braves campagnards sanglotaient parfois au beau milieu de ses discours.