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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/156

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LA FEMME DU DOCTEUR.

avec une politesse glaciale. George n’était-il pas sur le chemin des honneurs à Graybridge et était-il vraisemblable que la famille de son rival pût avoir quelque indulgence pour les peccadilles de sa femme au pâle visage ?

Mais Sophronia était disposée à retourner sur le gril la gouvernante que George s’était avisé d’épouser. Sophronia était fiancée, du consentement paternel, avec le jeune Pawlkatt, qui devait se faire assurer sur la vie pour une somme égale à la dot de la jeune fille, laquelle dot devait être strictement réservée pour le propre usage et entretien, etc., de cette dernière. Le jeune homme semblait si maladif et si faible de constitution que le brasseur pouvait raisonnablement regarder ces arrangements matrimoniaux comme une excellente spéculation. Sophronia était fiancée et déployait ces grâces et ces manières qui, à Graybridge, étaient regardées comme indispensables à la situation d’une jeune fiancée. « La seule manière de faire sa cour aujourd’hui, » disait M. Nash à Goldsmith, « est de ne pas faire la moindre attention à la demoiselle. » Graybridge avait sans doute des idées analogues sur l’art de faire poliment sa cour, attendu qu’une jeune fille bien élevée ne pouvait se montrer trop roide envers l’homme qu’elle avait choisi entre tous pour être le compagnon de son existence.

En vertu de ce principe, Mlle Burdock, bien que témoignant une grande affection à Julia Pawlkatt et approuvant chaleureusement l’accueil que celle-ci faisait à la femme du médecin, regardait son futur mari avec une expression glaciale qui ne changeait que pour faire place à un dédaigneux sourire chaque fois que le malheureux jeune homme s’avisait d’ouvrir la