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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/161

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LA FEMME DU DOCTEUR

toute l’après-midi… il y avait beaucoup de malades… et il avait travaillé au laboratoire depuis son retour. Il mit sa main dans celle d’Isabel et la pressa affectueusement. La moindre attention de sa jeune et jolie femme lui faisait plaisir et le rendait heureux.

— Mais, George, — dit tout à coup Mme Gilbert, — votre main est comme un charbon ardent.

— Oui, j’ai très-chaud, — lui répondit-il, — le temps a été chaud et étouffant : du moins il m’a paru ainsi l’après-midi. Peut-être me suis-je trop pressé, peut-être ai-je marché trop vite, en un mot, je me suis surmené, d’une façon ou d’une autre. Si tu veux verser le thé, Izzie, j’en prendrai une tasse et j’irai me coucher, — dit-il, — je suis littéralement harassé.

Il ne prit pas seulement une tasse, mais quatre, avalant d’une seule gorgée le doux breuvage, puis il monta dans sa chambre, marchant lourdement, comme un homme épuisé.

— George, je suis sûre que vous êtes malade, — lui dit Isabel lorsqu’il quitta le parloir. — Prenez quelque chose… un peu de cette affreuse médecine que vous me donnez quelquefois.

— Non, ma chère amie, je n’ai absolument rien. Que puis-je avoir, moi qui n’ai pas eu un seul jour de maladie de toute ma vie ! Il me faudra un aide, Izzie, j’ai trop à faire ; voilà ce que c’est.

Mme Gilbert resta assise dans l’obscurité pendant quelque temps après le départ de son mari, pensant au dernier regard que Roland lui avait donné dans l’église.

Dieu sait combien de temps elle serait restée dans la même posture, pensant toujours à lui, si Mathilda n’était pas entrée avec les deux misérables bougies,