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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/196

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LA FEMME DU DOCTEUR.

pût venir à mon secours, jamais je ne serais venue ici ; mais il n’y a personne, et il me faut de l’argent.

Le visage de Roland s’assombrissait à mesure que parlait Mme Gilbert. Son agitation, la chaleur de ses paroles, l’inquiétaient et l’alarmaient.

— Isabel, — s’écria-t-il, — Dieu sait que je n’ai pas le droit de vous interroger ; mais il y a dans la manière dont vous me faites cette demande quelque chose qui me fait peur. Pouvez-vous douter que je sois votre ami, votre meilleur et votre plus sincère ami… après votre mari peut-être ? Oubliez tout ce que je vous ai dit jusqu’à ce jour pour ne vous rappeler que ce que je vous dis ce soir… ce soir, alors que tous mes sentiments les plus nobles se réveillent à votre vite. Croyez que je suis votre ami, Isabel, et par pitié ayez confiance en moi. Quelle est cette personne qui vous demande de l’argent ? Est-ce votre belle-mère ? Dans ce cas mon livre de chèques est à sa disposition.

— Non, — balbutia la femme du médecin, ce n’est pas pour ma belle-mère ; mais……

— Mais c’est pour quelque personne de votre famille ?

— Oui, — répondit-elle avec un grand soupir ; — mais je vous en prie, ne me questionnez pas plus longtemps. Vous m’avez dit tout à l’heure que vous m’accorderiez la faveur que je vous demanderais, sans questions ni commentaires. Ah ! si vous saviez combien il m’a été pénible de venir ici !

— En vérité !… Je regrette qu’il vous soit si douloureux d’avoir confiance en moi.

— Ah ! si vous saviez… murmura Isabel à voix basse, se parlant à elle-même plutôt qu’à Roland.

Lansdell tira de sa poche un petit trousseau de clefs