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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/226

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LA FEMME DU DOCTEUR.

ment dans les tribunes pour regarder les cavaliers, il vaut mieux, peut-être porter une casaque de jockey ; quand bien même on devrait être démonté et foulé aux pieds pendant la course. Je me laverai les mains de Mme Gilbert, puis je retournerai au château et je dormirai tranquillement, et, demain matin, je demanderai Gwendoline en mariage, ce qui me permettra de me présenter pour Wareham et de m’adonner au conservatisme libéral et au perfectionnement de l’agriculture.

Mais le tableau d’une entrevue entre Isabel et l’étranger dans le Ravin de Nessborough ne pouvait être si aisément chassé de l’esprit de Lansdell. L’habitude de l’incertitude, résultat de son existence oisive, le tyrannisait cette nuit-là plus que de coutume ; mais le désir de s’assurer par lui-même du sort qui lui était fait triompha de tout autre sentiment, et il ne se détourna pas un instant du chemin conduisant au Ravin de Nessborough, — petit coin rustique du fertile Midland, presque aussi beau, dans sa simple allure anglaise, que ces sublimes villages alpestres que Roland voyait en rêve. Il atteignit enfin cet endroit, un peu fatigué par la longueur du trajet depuis Lowlands, et très-abattu par toutes les émotions contraires des dernières heures. Il y arriva enfin, non par le chemin ordinaire, mais à travers une étendue de terrains vagues boisés qui dominaient la petite vallée, — abris épais et verdoyant, sous lequel les fougères croissaient vigoureusement à l’ombre des branches entrecroisées des arbres. Il s’arrêta, debout sur l’extrême bord d’un talus qui descendait vers la route agreste. Le lieu qui s’étendait à ses pieds était une sorte de vallon isolé du monde entier, et solennelle-