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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/233

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LA FEMME DU DOCTEUR

et le châtelain du Prieuré de Mordred roula, en les écrasant, parmi les fougères et les fleurs agrestes, et sa chute fut suivi d’une pluie de pétales de roses d’une teinte d’opale.

Il resta bien tranquillement où il était tombé. Sleaford regarda à droite et à gauche dans le coquet vallon. Personne ne s’y montrait. La lumière brillait encore faiblement dans l’éloignement derrière le rideau rouge de la taverne rustique ; mais le silence de l’endroit n’aurait pas été plus profond, si le Ravin de Nessborough eût été caché au sein d’une forêt vierge.

Jack le Scribe s’agenouilla à côté du corps reposant si tranquillement au milieu de la verdure écrasée, et posa très-doucement sa robuste main nue sur la poitrine de Lansdell.

— C’est bien comme ça, — murmura-t-il ; — je l’ai endommagé pour quelques semaines, cela est certain. Peut-être vaut-il mieux de ne pas avoir été trop loin.

Il se releva, regarda de nouveau autour de lui et s’assura de la solitude parfaite de l’endroit ; puis il se dirigea lentement vers la petite auberge.

— Un coquin vulgaire aurait volé la montre de ce garçon, — se disait-il ; — et il n’en faudrait pas tant pour le faire inquiéter. Je voudrais bien savoir pourquoi il s’est jeté sur moi au sujet d’Isabel ; comment la connaît-il ?… Il est de ce pays, sans doute. Quand je pense que j’ai été tout ce temps si près de lui sans en rien savoir. Je savais son nom et c’était à peu près tout ; mais je croyais que c’était un dandy de Londres.

Un instant après, il poussait la porte de la petite taverne, la porte à travers laquelle passait ce rayon lumineux qui s’étendait sur la chaussée. Tout à l’intérieur était profondément calme, car les paisibles pro-