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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/235

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LA FEMME DU DOCTEUR

Il tint le bout de la canne au-dessus de la flamme jusqu’à ce qu’il fût tout noirci et charbonné ; il boutonna sa jaquette sur sa poitrine, puis, prenant une couverture de voyage placée sur une chaise dans un coin, il la jeta sur son épaule.

— C’est un vilain spectacle, — murmura-t-il ; — mais je ne pense pas que j’aie été trop loin.

Il se dirigea vers la petite porte, sortit, et s’enfonça sous les arbres de la clairière, où un rossignol chantait caché sous les masses sombres du feuillage et où l’air était imprégné du parfum subtil des chèvrefeuilles et des églantiers. Une fois il jeta un regard presque effrayé vers l’endroit où il avait laissé son ennemi vaincu, mais il se détourna et s’éloigna d’un pas rapide dans la direction opposée, traversa le pont rustique, et monta la pente qui conduisait à la route de Briargate.

CHAPITRE XXXIV.

COUP D’ŒIL RÉTROSPECTIF.

Le médecin des pauvres restait dans sa chambre à peine éclairée, et les jours et les nuits se succédaient, et M. Pawlkatt, qui venait le voir deux fois par jour, ne pouvait donner que peu de consolations à ceux qui le soignaient. Gilbert était malade depuis près de quinze jours ; mais déjà il semblait que ce fût la règle dans la maison que tout y fût silencieux et sombre, et que le maître, autrefois si actif, restât couché, triste, accablé et somnolent, à l’ombre des rideaux de basin