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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/240

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LA FEMME DU DOCTEUR.

de contrefaire la signature de son prochain, et ce talent, exercé avec le concours d’une bande dont les plans d’opérations habilement conçus acquirent une réputation considérable, lui avait permis d’élever une famille nombreuse dans un bien-être et une honnêteté relatifs. Si quelqu’un avait eu la bonté de mourir en laissant mille livres de revenus à Sleaford, Jack le Scribe eût volontiers déposé la plume et se serait retiré dans une existence honnête ; mais, en attendant, il reconnut qu’il était nécessaire de pourvoir à ses besoins et à ceux d’une famille nombreuse et famélique, et n’ayant le choix qu’entre une place de commis aux appointements d’une livre par semaine et les chances peu glorieuses de l’existence du flibustier moderne, il s’était associé avec la bande en question, à laquelle il s’était autrefois fait connaître par quelques échantillons d’amateur assez réussis dans l’art de confectionner des billets à ordre.

Jamais, jusqu’au moment qui suivit son arrestation, la vérité n’avait été révélée à aucun des membres de la colonie de Camberwell. Il y avait longtemps de cela, que Jack le Scribe était un jeune apprenti-commis plein d’avenir, doué de grands yeux noirs hardis et d’une jolie figure, — bien longtemps auparavant, lorsque Isabel n’était encore qu’une enfant, la connaissance d’une affaire d’escompte d’effets de commerce dans laquelle le commis ne voyait qu’un grattage mal réussi, mais que ses patrons appelèrent du nom de faux, surprit brusquement la première femme de Sleaford et l’avait fait mourir de chagrin. Mais lorsque l’artiste amateur fut devenu un homme habile dans sa profession, le père d’Isabel apprit à cacher son art. Son brusque départ de Camberwell, le transbordement