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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/241

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LA FEMME DU DOCTEUR
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de la famille dans un logement à Islington, et la fuite subséquente à Liverpool furent expliqués à sa famille comme une tentative pour échapper à une arrestation pour dettes ; et comme des créanciers furieux et des recors n’avaient été que des visiteurs trop communs dans le ménage, cette fuite ne paraissait pas étrange. Ce fut seulement lorsque Sleaford fut logé en sûreté entre les murailles fatales de Newgate, quand les enquêtes préliminaires sur les faux célèbres furent publiées dans les journaux, qu’il apprit le véritable état des choses à sa femme et à ses enfants terrifiés.

Il n’est pas utile de s’appesantir sur les détails de ces temps cruels. On finit toujours par prendre le dessus des choses ; le chagrin et la honte sont très-rarement mortels, même chez les natures les plus impressionnables.

« Hélas ! mon doux ami, » s’écrie l’Hélène de Shelley, « vous allez croire que ce cœur est de pierre ; il ne s’est pas brisé ! » Il doit exister une bonne partie de cet élément pierreux dans le cœur de chacun, tant sont rares les atteintes mortelles de la douleur. Pour Isabel, l’horreur d’être la fille d’un faussaire était quelque chose d’excessivement terrible ; mais même dans cette terreur il y avait comme une vague saveur romanesque ; et si elle avait pu faire évader son père de la prison de Newgate au moyen d’un chapeau de femme et d’une robe, comme lady Nithisdale, elle aurait pu lui pardonner les crimes qui avaient fait d’elle une héroïne. Les garçons, après la première surprise, prirent très-tranquillement la chose, et se montrèrent disposés à rejeter ses malheurs sur le compte de la tyrannie et des préjugés de la société.

— Si un riche a une masse d’argent à la banque et