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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/249

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LA FEMME DU DOCTEUR

les avoisinant l’église, et même, à ce qu’il semblait, de s’occuper d’aucune chose humaine, et maintenant que l’esprit d’Isabel était délivré de sa grande terreur, elle voyait un objet horrible, nouveau, informe, s’approcher insensiblement d’elle, comme une montagne de glace flottant sur une mer arctique. Elle sortit de la chambre avec M. Pawlkatt, descendit l’escalier avec lui, et lui saisit le bras comme il allait partir.

— Oh ! dites-moi, pensez-vous qu’il soit en danger de mort ? — dit-elle. — Je ne savais pas avant ce matin qu’il était si malade… Pensez-vous qu’il en mourra ?

Le médecin regarda d’un air interrogateur le visage bouleversé tourné vers lui et avec une nuance d’étonnement dans sa physionomie :

— Je suis très-inquiet, Mme Gilbert, — répondit-il gravement. — Je ne vous cacherai pas que je deviens très-inquiet. Le pouls est faible et intermittent, et ces mauvaises fièvres… La !… la !… ne pleurez pas. Je me rendrai à Wareham dès que j’aurai fait mes visites les plus indispensables, et je prierai le docteur Herstlett de venir voir votre mari. Je vous en prie essayez de garder votre calme.

— Je suis si effrayée, — murmura Isabel, la voix entrecoupée par ses sanglots à moitié étouffés. — Je n’ai jamais vu personne… aussi malade… avant cela.

M. Pawlkatt la regarda d’un air grave tout en mettant ses gants.

— Je ne suis pas fâché de remarquer cette inquiétude chez vous ; Mme Gilbert, — dit-il d’un ton sentencieux. — En ma qualité d’ami et de confrère de votre mari, et d’homme qui est… hum !… assez âgé pour être votre père, je me permettrai de dire que je suis heureux de voir… je veux dire de voir que vous