Aller au contenu

Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
246
LA FEMME DU DOCTEUR.

avez le cœur bien placé. On a fait courir de méchants bruits sur vous ces jours derniers, Mme Gilbert. Je ne me permettrai pas… naturellement… de faire allusion à ces bruits si je ne les croyais pas erronés, — ajouta assez vivement le médecin, qui n’était pas très certain du sens et de la portée de la loi sur la diffamation.

Mais Isabel se borna à le regarder avec stupéfaction et inquiétude.

— Des bruits sur moi !… — répéta-t-elle. — Quels bruits ?

— Il y aurait certaine personne… un étranger… logé dans une petite auberge, dans le Ravin de Nessborough, et vous… mais en vérité, je n’ai pas le droit de me mêler de cette affaire, et sans mon grand respect pour votre mari… je veux dire en un mot…

— La personne dont vous parlez est partie maintenant, — répondit franchement Isabel. — C’est bien méchant de la part des gens d’avoir dit du mal d’elle ou de moi. C’est un parent, un très-proche parent, et je ne pouvais faire autrement que de le voir de temps en temps pendant qu’il se trouvait aux environs. J’y allais le soir, parce que je ne voulais pas quitter mon mari à un autre moment de la journée. Je ne savais pas que les gens de Graybridge m’épiaient si soigneusement ou qu’ils étaient si disposés à croire que je me conduis mal.

M. Pawlkatt lui caressa la main pour la calmer.

— Un parent, chère Mme Gilbert, — s’écria-t-il, — ceci change tout à fait les choses. J’ai toujours dit que vous aviez assurément de bonnes raisons pour agir comme vous le faisiez, bien qu’il eût été préférable de faire venir cette personne ici. Les gens de province