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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/302

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LA FEMME DU DOCTEUR.

l’imitation des autographes négociables. Cela était quelque chose qu’il n’avait pas prévu. Cette affaire du Midland était un meurtre, ou quelque chose qui y ressemblait tant, qu’un jury stupide pouvait ne pas apercevoir la distinction. Jack le Scribe, armé des cinquante livres de Lansdell, avait déjà organisé un plan d’opérations qui devaient vraisemblablement produire un très-joli petit revenu, sans entraîner une chose aussi désagréable à la délicatesse d’un homme bien élevé que de faire un usage illégal du nom d’autrui. C’était vers la science de prêteur sur gages que Sleaford avait porté son attention ; et pendant sa retraite forcée des dernières années, il avait imaginé, à son usage, un charmant petit système, par lequel un intérêt énorme, sous forme d’honoraires d’enquête et de timbres-poste préliminaires, pouvait être extorqué aux emprunteurs naïfs sans qu’il y eût lieu d’aventurer la plus petite partie du capital du soi-disant prêteur. Dans le but de mettre à exécution ce charmant projet, Sleaford s’était abouché avec un de ses anciens complices, qui devait remplir le rôle de commis et doubler cet emploi du rôle plus relevé de solicitor de la SOCIÉTÉ MUTUELLE ET COOPÉRATIVE DES AMIS SINCÈRES ; mais, après avoir lu ce paragraphe contrariant relatif à Lansdell dans le supplément du Times, les idées de Jack le Scribe éprouvèrent un changement considérable. Peut-être la grande métropole, dans laquelle il y a toujours une petite récolte de dupes et de niais qui accourent au-devant de la faux du cultivateur adroit, était-elle devenue, comme on dit vulgairement, un peu trop chaude pour Sleaford. La contemplation de cette vérité désagréable conduisit les pensées de cet honnête homme vers des scènes