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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/309

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LA FEMME DU DOCTEUR

legs de dix mille livres, pour ne rien dire de hanaps de l’époque de Cromwell, de théières de la reine Anne fabriquées par Paul Lemeri, d’antiques broches et bracelets de diamants taillés en roses, d’un fameux collier qui avait appartenu à lady Anna Lansdell, un Murillo et un Rembrandt, et dix-neuf douzaines de bouteilles de Madère regardé comme unique par les connaisseurs ; lord Ruysdale ne put guère se considérer comme maltraité par son défunt neveu.

Mme Gilbert put donc jouir en paix de sa richesse, protégée de toute calomnie par l’influence des Ruysdale. On la laissa en paix et elle partit avec Gwendoline et le comte pour ces pays étrangers après lesquels elle avait aspiré dans le jardin en friche de Camberwell. Même pendant la première amertume de son chagrin, elle ne fut pas entièrement égoïste. Elle envoya de l’argent à Mme Sleaford et à ses enfants, — assez d’argent pour qu’ils crussent avoir une fortune ; et elle donna à son solicitor des instructions pour qu’ils reçussent trimestriellement une pension qui devait permettre de donner à ses frères une éducation libérale.

« J’ai eu un grand chagrin, — écrivait-elle à sa belle mère, — et je pars avec des personnes qui se montrent pleines de bonté pour moi. Je pars, non pour chercher l’oubli, — pour rien au monde je ne voudrais le trouver, même quand cela serait possible ; mais uniquement pour apprendre à supporter mon chagrin et l’existence. À mon retour je vous reverrai avec plaisir, ainsi que mes frères. »

Elle écrivait ceci et beaucoup d’autres choses affa-