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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/54

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LA FEMME DU DOCTEUR.

fait pas plaisir, — pensa la péronnelle en riant intérieurement.

Roland se tint à l’écart de sa famille ; mais il ne fit pas à sa guise sans en récolter quelques ennuis. La route du crime n’est pas précisément si unie et si jonchée de fleurs qu’on a voulu nous le faire croire. Une main charitable jette parfois des poutres et des ronces sur nos pas. C’est notre propre faute si nous nous obstinons à escalader les rocs amoncelés et à ramper au milieu des haies épineuses dans une folle ardeur vers notre destin. Roland avait mis le pied sur la pente fatale et il marchait avec la rapidité qui nous entraîne toujours sur un plan incliné ; mais la route n’était pas sans obstacles pour lui. Charles Raymond, de Conventford, fut une des personnes qui apprirent par hasard le retour du jeune homme ; et huit jours environ après le retour de Roland, l’affable philosophe se présenta aux portes du château et il fut assez heureux pour trouver son parent chez lui. En dépit du désir de Lansdell de montrer un air dégagé, il y avait quelque contrainte dans la manière dont il accueillit son vieil ami.

— Je suis enchanté de vous voir, Raymond, — dit-il. — Je me promettais d’aller vous voir à Conventford d’ici un ou deux jours. Me voici de retour comme vous voyez.

— Oui, et je suis fâché de le voir. Ceci est un manque de bonne foi, Roland.

— Que voulez-vous dire ? À qui ai-je promis quelque chose ?

— À moi, — répondit gravement Raymond. — Vous m’avez promis de vous expatrier.

— C’est ce que j’ai fait.