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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/53

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LA FEMME DU DOCTEUR

mais Lansdell ne s’y rendit pas pour présenter ses respects à son oncle et à sa cousine comme la politesse l’ordonnait. Il ne se rapprocha pas du vieux château tout gris où le comte et sa fille végétaient dans la tristesse et dans l’économie ; mais Gwendoline apprit par sa femme de chambre que Lansdell était revenu, et elle fut cruellement offensée de sa négligence. Son ressentiment s’accrut davantage, quand la femme de chambre, qui était un peu fanée comme sa maîtresse, et peut-être un peu aigrie par-dessus le marché, laissa tomber quelques nouvelles qu’elle avait glanées dans l’antichambre. « On a vu M. Lansdell se promener sur le chemin de Graybridge avec Mme Gilbert, la femme du docteur, ce n’est pas la première fois, et l’on dit que cela paraît singulier qu’un gentleman comme M. Lansdell soit vu se promenant et causant avec une femme comme elle. »

La femme de chambre vit dans la glace le visage de sa maîtresse pâlir. Quel que soit le rang, la fortune, ou le sexe du malheureux Othello, il ou elle ne saurait rester en paix, être heureux ou heureuse, ne rien savoir. Il se trouve toujours un messager, mâle ou femelle, qui a soin de le tenir au courant des faits et gestes les plus récents du délinquant.

— Je n’ai nul désir de connaître les cancans des domestiques sur la conduite de mon cousin, — dit Gwendoline avec une hauteur suprême. — Il est maître de ses actions et libre d’aller où bon lui semble et avec qui il lui plaît.

— Je vous demande pardon, milady, je ne pensais pas vous offenser, — répondit la femme de chambre d’un ton soumis. — Ça n’empêche pas que ça ne lui