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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/78

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LA FEMME DU DOCTEUR.

CHAPITRE XXIV.

GWENDOLINE FAIT SON DEVOIR.

Mme Gilbert resta chez elle toute la journée qui suivit sa séparation d’avec Roland. Elfe resta dans le parloir obscur, lut un peu, se mit un instant au piano, et esquissa quelques portraits de profil de Lansdell, affreusement noirs et langoureux, avec des yeux d’une dimension impossible. Elle travailla un peu, se mit les doigts en sang et emmêla éperdûment son fil ; enfin elle laissa le feu s’éteindre deux ou trois fois, ce qui lui arrivait très-souvent, au grand déplaisir de Mathilda. La courageuse et fidèle suivante vint dans le parloir vers les deux heures, apportant une petite assiette de pâtisseries et un verre d’eau pour le frugal déjeuner de sa maîtresse ; et trouvant la grille noire et vide pour la seconde fois de la journée, elle alla chercher un petit fagot et une boîte d’allumettes, et s’agenouilla d’un air de mauvaise humeur très-visible pour rallumer les escarbilles.

— Je suis fâchée d’avoir encore une fois laissé éteindre le feu, Mathilda, — dit Isabel avec douceur. — Je pense qu’il doit y avoir quelque chose qui ne marche pas dans la grille, car le feu s’éteint toujours.

— Du temps de la mère de George, il ne s’éteignait pas, — répondit Mathilda d’un ton assez sec, — et pourtant c’était la même grille. Mais ma chère jeune maîtresse passait sa journée dans ce fauteuil, cousant, cousant, cousant les devants de chemise du docteur,