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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/124

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LES OISEAUX DE PROIE

nait en plein sur sa figure à l’instant où Diana entra dans la chambre, et elle put voir qu’il était plus pâle que de coutume.

« Est-il arrivé quelque chose ? demanda-t-elle avec anxiété.

— Oui ; et quelque chose de grave. Il faut que vous quittiez Spa demain matin par le premier train, pour retourner en Angleterre. Écoutez-moi bien, mon enfant. J’ai de quoi vous donner à peu près ce qu’il vous faut d’argent pour gagner Londres. Lorsque vous y serez, il faudra que la Providence fasse le reste.

— Que voulez-vous dire, Valentin ?

— Je veux dire qu’il faut vous dépêcher de vous en aller d’ici et de vous séparer des personnes avec lesquelles vous y êtes venue. Voyons… voyons… ne tremblez pas, ma chère enfant. Prenez quelques gouttes de ce cognac. Je veux vous voir reprendre vos couleurs avant de vous en dire davantage. »

Il versa dans un verre le reste d’une bouteille d’eau-de-vie et le lui fit boire malgré elle ; il dut forcer le verre entre ses dents.

« Voyons, Diana, dit-il après qu’elle eut bu, vous êtes depuis si longtemps élevée à l’école de l’adversité que vous devez savoir supporter la mauvaise fortune. Il y aura une compensation un jour ou l’autre, croyez-le, mon enfant. Ceux qui sont heureux ont eu à payer leur dette au malheur et à souffrir aussi bien que la famille des Macaires. Je ne suis qu’un triste sire, un aventurier ; mais je suis néanmoins votre véritable ami, Diana, et il faut que vous me promettiez d’avoir confiance en moi. Dites-moi que vous le voulez.

— Je n’ai personne d’autre en qui je puisse avoir confiance.