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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/153

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LES OISEAUX DE PROIE

son amitié avec une satisfaction non dissimulée ; le lendemain, elle lui montrait de petites révoltes, comme si cette amitié eût été une sorte de patronage qui répugnait à la fierté de son cœur.

« Gardez votre pitié pour ceux qui la demandent ! s’était-elle écriée un jour devant Charlotte décontenancée ; je suis fatiguée d’être sans cesse consolée et plainte. Allez avec celles de vos amies qui sont heureuses et riches ! mademoiselle Halliday, je suis excédée à la fin de vous entendre parler de vos robes neuves, de vos jours de fête, et des présents que vous fait votre mère. »

Puis alors, quand Charlotte considérait son amie avec un visage inquiet, Diana s’attendrissait et déclarait qu’elle n’était qu’une mauvaise créature indigne de pitié comme d’affection.

« J’ai eu tant de misère dans ma vie, disait-elle pour justifier sa mauvaise humeur, que je suis souvent disposée à me quereller sans rime ni raison avec les personnes heureuses, uniquement parce qu’elles le sont.

— Mais, qui sait le bonheur qui vous attend dans l’avenir, Diana ? s’écriait Mlle Halliday. D’un moment à l’autre, vous épouserez un homme riche, et vous oublierez que vous ayez jamais connu la pauvreté.

— Et où trouver un homme riche qui veuille épouser la fille du capitaine Paget ? demandait Diana avec une expression douloureuse et découragée.

— Peu importe d’où il viendra, mais il viendra certainement. Un beau prince, avec un palais sur les bords du lac de Côme, tombera amoureux de ma belle Diana, et alors elle ira demeurer à Côme et quittera sa fidèle Charlotte pour vivre heureuse.

— Ne dites pas de folies, Charlotte, s’écriait Mlle