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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/157

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LES OISEAUX DE PROIE

CHAPITRE III

PERSPECTIVES D’AVENIR DE GEORGE SHELDON

Les années qui s’étaient écoulées avaient apporté très-peu d’amélioration dans la position de fortune de George. Il continuait d’occuper, dans Gray’s Inn, sa vieille et sombre résidence, devenue plus noire encore par l’effet du temps. Il avait coutume de s’asseoir, pendant les chaudes journées d’été, près d’une fenêtre du second étage, fumant solitairement son cigare, et écoutant le croassement des corbeaux qui se mêlait aux cris des enfants qui jouaient dans le jardin au-dessous de lui, surveillés par leurs mères qui, elles aussi, faisaient du bruit. Dans les après-midi des dimanches, l’avocat se livrait volontiers à la méditation, se demandant quelle sorte d’homme avait été lord Bacon, et comment il avait pu se trouver compromis pour avoir reçu des cadeaux, lorsque tant d’autres l’avaient fait avec la plus parfaite tranquillité, avant lui et après lui. La casuistique d’Escobar l’entretenait dans cet ordre de réflexions, tout doucement.

Les perspectives d’avenir de Sheldon ne lui promettaient rien de satisfaisant. Depuis longtemps il voyait l’étoile de son frère s’élever avec une persistance charmante dans le firmament financier ; mais sauf un dîner par-ci par-là, il n’avait pas gagné grand’chose à la prospérité de l’agent de change. George avait souvent rappelé à son frère, et avec insistance, cette vague promesse