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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/158

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LES OISEAUX DE PROIE

que Philippe lui avait faite, dans les jours difficiles, de venir à son aide, si une chance heureuse lui advenait. Mais s’il n’est pas facile d’empêcher un homme qui y est disposé à se soustraire à l’engagement le plus formel, il l’est encore bien moins d’obtenir l’exécution d’une parole en l’air, dite par un frère à son frère.

Dans la première année de son mariage, Philippe avait donné à son frère cent livres pour l’aider dans une grande entreprise dans laquelle l’avocat se trouvait engagé, et qui, si elle réussissait, devait l’enrichir bien plus sûrement que les milliers de livres de Georgy. Malheureusement l’entreprise ne réussit pas, et les cent livres s’étant trouvées perdues. George s’adressa de nouveau à son frère en lui rappelant une fois de plus sa promesse. Dana cette circonstance, Philippe déclara nettement à George qu’il ne pouvait rien faire de plus pour lui.

« C’est à vous à vous tirer d’affaire de votre côté, comme je l’ai fait du mien, dit-il à George.

— Merci, Philippe, dit le plus jeune frère, j’aimerais mieux m’en tirer autrement. »

Après quoi ils se regardèrent avec une fixité extraordinaire, comme ils l’avaient déjà fait plusieurs fois.

« Vous êtes bien avare de l’argent de Tom, reprit George. Si je m’étais adressé au pauvre Tom lui-même, je suis bien sûr qu’il ne m’eût pas refusé de me prêter deux ou trois cents livres.

— Il est regrettable alors que vous ne les lui ayez pas demandées à lui-même, répondit Philippe avec une extrême froideur.

— Je l’aurais fait certainement si j’avais pu croire qu’il dût mourir aussi subitement. Ce fut un jour fatal pour moi et pour lui aussi que celui où il est venu à Londres.