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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/21

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LES OISEAUX DE PROIE

tration d’amitié fraternelle ; ils s’aimaient pourtant, se rendaient à l’occasion de mutuels services, et prenaient de temps à autre, rarement, leurs plaisirs ensemble. C’était tout. Leur amitié allait jusque là, mais pas au delà.

« Eh bien ! Philippe, dit George, je suis bien aise de vous voir de retour. Vous avez l’air fatigué cependant. Vous avez sans doute fait beaucoup de visites là-bas ?

— J’ai bien employé mon temps. J’ai passé une journée chez Halliday. Il s’en va passablement vite.

— Hum ! murmura George, il est regrettable qu’il ne s’en aille pas plus vite. Il devrait avaler sa gaffe, afin que vous puissiez épouser Georgy.

— Bah ! si Georgy devenait veuve, voudrait-elle de moi ? dit Philippe de l’air d’un homme qui doute.

— Oh ! elle ne serait pas longue à se décider. Avant son mariage, elle était très-aimable avec vous, et l’eût-elle oublié, elle n’oserait pas vous refuser si vous la demandiez en mariage. Vous savez bien, Philippe, qu’elle a toujours eu un peu peur de vous.

— Je ne sais rien de cela. C’était une assez gentille personne ; mais malgré sa simplicité, elle savait très-bien se défendre contre un amoureux pauvre et donner la préférence à un riche.

— C’était le fait de ses vieux parents. Georgy se serait jetée dans l’huile bouillante si son père et sa mère lui avaient dit de le faire. Ne vous souvenez-vous pas, lorsque nous étions enfants, à quel point elle avait peur de salir sa robe ? Je ne crois pas qu’elle ait épousé Tom de meilleur cœur qu’elle allait en pénitence pour avoir taché ses vêtements. Vous souvenez-vous ?… Elle s’en allait dans un coin, parce que ses parents le lui