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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/223

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LES OISEAUX DE PROIE

nous puissions y aller tous ensemble ?… Maman aime le théâtre. Elle y allait très-souvent avec mon pauvre père, à York comme à Londres. Et vous êtes un si bon juge, M. Haukehurst, que ce sera charmant de vous avoir avec nous, n’est-ce pas, Diana ?

— Oui, répondit Diana, un juge excellent ! Nous aussi, nous allions souvent au théâtre. »

Ce fut comme un cri d’angoisse qui s’échappa du cœur meurtri de la pauvre enfant, mais ses deux amis ne s’en doutèrent pas une seconde.

« Pensez-vous avoir une loge, M. Haukehurst ? demanda avec des mines exquises la belle enchanteresse.

— Je ferai de mon mieux, répondit Valentin.

— Oh ! je suis sûre alors que vous réussirez. Nous vous écouterons pendant les entr’actes, monsieur le critique. Oh !… vous êtes de première force…

— Vous me faites beaucoup d’honneur ; mais, avant que la nouvelle pièce soit jouée, j’aurai quitté Londres. Je n’aurai donc pas le plaisir de vous accompagner au théâtre.

— Vous allez quitter Londres ?

— Oui ; demain.

— Si tôt ! s’écria Charlotte, sans essayer de dissimuler le regret qu’elle en éprouvait. Et vous partez pour longtemps, sans doute ? »

Mlle Paget eut un petit tressaillement et une rougeur fiévreuse lui monta au visage, brusquement.

« Je suis heureuse qu’il s’en aille ! se disait-elle. J’en suis extrêmement heureuse !

— Oui, dit Valentin à Charlotte, il est probable que je serai absent assez longtemps. Mes projets ne sont pas encore assez arrêtés, pour que je puisse dès maintenant fixer la date de mon retour à Londres. »