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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/268

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LES OISEAUX DE PROIE

« — Je n’accepterai pas six pence de moins. Je n’ai pas l’habitude de manquer à ma parole. De même que Jacob a suivi Laban pendant sept ans, et sept autres années ensuite, parce qu’il avait promis de le faire, je m’en tiens à ce que j’ai dit. Or, j’ai dit vingt livres, jeune homme.

« La solennelle onction de ces paroles ne saurait se décrire ; l’audacieuse affectation avec laquelle il introduisait dans son sordide marché des semblants de scrupules eût dégoûté Tartuffe en personne. Voyant qu’il était résolu à ne pas faire de sacrifices, je pris congé de lui. Je télégraphiai immédiatement à Sheldon pour savoir s’il m’autorisait à adhérer à la demande de Goodge, puis je revins à mon hôtel où je me consacrai pendant dix minutes à l’étude d’un livret des chemins de fer à l’effet de trouver le plus court chemin pour aller à Spostwold.

« Après avoir parcouru attentivement une effrayante quantité de noms propres et d’éblouissantes colonnes de chiffres, je dénichai un endroit nommé Black Harbour, correspondant avec Wisborough, Spotswold, et Chilton. Un train partait d’Ullerton pour Black Harbour le soir à six heures et devait arriver à huit heures quarante.

« Cela me laissait un intervalle de quelques heures pendant lequel je n’avais rien à faire, à moins qu’il n’arrivât des télégrammes de Sheldon. La chance de recevoir sa réponse me retint prisonnier dans la salle à manger de l’Hôtel du Cygne, où je lus presque en entier les feuilles locales et les journaux de Londres. La dépêche finit enfin par arriver :

« Dites à Goodge qu’il aura somme demandée. —