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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/267

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LES OISEAUX DE PROIE

« — Supposons quarante lettres particulières, dit-il.

« Je dressai les oreilles et j’eus besoin de toute ma diplomatie pour ne rien laisser paraître de ma profonde émotion. Quarante lettres particulières ! Il doit y avoir un monde d’informations dans quarante lettres particulières, à moins que celle qui les a écrites ne fût une diseuse de riens modèle.

« — Et sur quelle période s’étend la date de ces lettres ? demandai-je.

« — Sur sept années environ, de 1769 à 1776. Quatre ans avant son mariage avec notre ami Matthieu et trois ans après.

« — Ces lettres sont-elles un peu longues ou seulement de quelques mots ?

« — Elles ont été écrites à une époque où personne n’écrivait de courtes lettres, répondit sentencieusement Goodge. La plupart de ces lettres ont trois feuilles, et l’écriture de Mme Rebecca était très-nette et très-fine.

« — Très-bien ! m’écriai-je. Je présume qu’il n’est pas nécessaire de vous demander à voir une de ces lettres avant de conclure. Hein, monsieur Goodge ?

« — Je ne crois pas que ce soit nécessaire, répondit le vieux jésuite. J’ai pris conseil et je m’en tiendrai à la lumière qui m’est apparue. « Si tu es sage, tu emploieras ta sagesse pour toi-même. » Non, je ne crois pas que ce soit nécessaire.

« — Et que demandez-vous pour les quarante lettres ?

« — Vingt livres.

« — Une grosse somme, M. Goodge !

« — Mais si elles ne devaient pas vous être utiles, il est probable que vous ne chercheriez pas à les avoir, répondit le ministre. J’ai pris conseil, jeune homme.

« — Et c’est là votre dernier mot ?