Aller au contenu

Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

ne voulais pas en convenir ; mais on eut la bonté de me décharger de ce travail de la manière la plus aimable, pour le remettre en meilleures mains.

La pluie avait cessé, et le soleil commençait à se frayer une route à travers les nuages ; je sortis pour parcourir les alentours, accompagnée par madame A… et la femme du président. Cette dernière était en robe courte et pantalon costume qui allait fort bien à sa jolie et fine taille, et parfait pour marcher dans les prairies humides et dans les bois. Nous allâmes d’abord aux moulins. Deux jeunes et jolies filles, en blouse, avec ceinture de cuir et de gracieux petits bonnets sur la tête, marchaient, ou plutôt dansaient devant nous, légères et joyeuses comme des oiseaux dans le sentier qui passe par les collines et les vallons. Elles se dirigeaient aussi vers les moulins pour aider les meuniers déjà à l’ouvrage. Nous allâmes ensuite à travers champs à la région des pommes de terre, où je donnai une poignée de main au président qui les déterrait en manches de chemise blanche au milieu des membres de son conseil. Le président et les autres citoyens du Phalanstère avaient l’air de braves gens et robustes ; la récolte des pommes de terre de cette année promettait d’être abondante. Le sol du New-Jersey est, dit-on, très-fertile. Le soleil brillait amicalement sur le champ de pommes de terre, le président et les travailleurs, parmi lesquels se trouvaient plusieurs hommes instruits et de bonne compagnie.

En causant avec mes deux compagnes, femmes agréables et sensées, j’ai recueilli quelques particularités sur les lois et la vie du Phalanstère. Chaque membre peut mettre dans la communauté ce qu’il veut, et conserver de sa fortune ce que bon lui semble. Il reçoit l’intérêt de l’argent déposé. Le temps du travail est de dix heures par