Aller au contenu

Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

nuit. Il me fut donc impossible de retourner, comme je l’aurais désiré, dans ma jolie petite chambre de l’hôtel, pour me reposer et me taire… J’oubliai cet ennui le lendemain matin, en causant pendant le déjeuner avec mon aimable hôtesse et sa fille unique. Le soleil entrait, et cet intérieur avait un caractère de bonté et d’affection. Je me trouve toujours bien en pareil lieu et voudrais pouvoir y rester plus longtemps. Madame Sigourney m’a fait cadeau de ses œuvres poétiques, et j’y ai lu un poëme intitulé Mon pays ! qui m’obligea à lui baiser la main, tant il est joli, tant on y trouve un noble et véritable esprit féminin. Quelle est belle cette exhortation maternelle adressée à la terre du Nouveau-Monde :

« Sois la mère de tous les peuples opprimés, donne un nouveau foyer, de nouvelles espérances à tous les fils, à toutes les filles de la terre, qui fuient vers toi ; fais-les participer à ta richesse, à ta liberté, à ton bonheur, à toutes les bénédictions que tu as reçues. »

Après cet agréable moment de la matinée, je fus obligée de voir de nouveau des visages étrangers, puis mon aimable hôtesse me fit parcourir la ville, qui me parut bien bâtie, bien située. Les bâtiments publics sont les plus grands et les plus ornés de la ville ; l’intérieur et le dehors rendent témoignage de son aisance et de sa prospérité. À midi, je pris congé de mes nouveaux amis de Hartford, en promettant de revenir.

Du chemin de fer, je saluai la maison paternelle de Marcus, maison de campagne oú lui et plusieurs de ses frères et sœurs ont été élevés, et que ses regards cherchaient avec amour. La lune se levait et brillait dans les eaux du Connecticut, dont le chemin de fer longe les bords ; on apercevait les lumières des factoreries bâties sur l’autre rive.