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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/137

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

fait alors un grand massacre. Le pasteur — celui qui avait prêché le matin — prononça sur la table une bénédiction qui m’aurait paru longue si elle n’eût pas été en même temps substantielle ; nous l’acceptâmes malgré la fréquente répétition de ces mots « dans cette solennelle et intéressante circonstance, » qui firent échanger des regards et des sourires entre quelques-uns d’entre nous. Après le souper, la jeunesse dansa et je jouai du piano pour la faire danser, ce qui lui plut infiniment.

Vers minuit, nous rentrâmes dans notre gîte, où Marcus et Rebecca s’emparèrent de ma chambre froide ; un lit avait été apporté pour moi dans le petit et joli salon ; j’y trouvai un brillant feu de charbon et une lettre de Downing, encore plus propre à me réchauffer que le feu. — C’était presque trop de biens à la fois. Marcus et Rebecca prétendirent qu’ils aimaient les chambres à coucher froides et y étaient accoutumés. Peut-être ; mais — ils sont si bons ! Le lendemain matin mon hôtesse m’apporta du café préparé de sa main et me servit de la manière la plus gracieuse. J’étais reconnaissante, un peu honteuse, et n’aurais point accepté son aide si j’eusse été plus jeune et mieux portante que je ne le suis. Bergfalk avait aussi gelé d’une rude manière, quoique logé chez la sœur et le beau-frère de Marcus et soigné par eux.

Le vendredi matin nous allâmes à la « communauté de Hopedale, » petite société socialiste à quelques milles d’Oxbridge, où les Spring ont également des parents et des amis. La journée était douce, l’air mou, et la route traversait des champs encore verts. La communauté de Hopedale est entièrement basée sur l’esprit chrétien ; sa constitution est patriarcale. Le patriarche et administrateur, Adin Balou, homme d’un certain âge et fort bien, nous reçut, entouré