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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/184

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LA VIE DE FAMILLE

ma famille ; — mais ces devoirs, je dois les remplir en marchant dans ma route nouvelle. Je renonce aux anciens usages et serai moi-même. Si vous pouvez m’aimer pour ce que je suis, nous en serons d’autant plus heureux ; si vous ne le pouvez pas, je n’en chercherai pas moins à le mériter. Je ne cacherai pas mon amour ni mon mécontentement. Je dois compter tellement sur ce qui est profond et saint, que je ne craigne pas de mettre à exécution avec énergie, en face du soleil et de la lune, ce qui me réjouit et ce que mon cœur me commande. Si votre esprit est noble, je vous aimerai ; s’il en est autrement, je ne vous nuirai pas et à moi-même par des prévenances hypocrites. Si vous êtes vrais, mais non pas à ma manière, restez avec vos semblables ; je chercherai le mien. Je ne fais pas ceci par égoïsme, mais en toute vérité et humilité. Il y va de votre intérêt autant que du mien et de celui de l’humanité entière — n’importe le temps que nous avons passé dans le mensonge — de vivre dans la vérité. Est-ce que ceci vous paraît dur aujourd’hui ? Vous ne tarderez point à aimer ce que vous prescrit votre nature, et si nous suivons la vérité, elle finira par nous conduire dans un port excellent. « Mais de cette manière vous ferez du mal à vos amis ! » Oui, mais je ne puis pas vendre ma liberté et mon pouvoir pour sauver leur susceptibilité. Du reste, tous les hommes ont leur moment de raison, lorsque leur regard plonge dans la région absolue de la vérité. Alors ils me rendront justice et m’imiteront. La foule croit qu’en rejetant le guide populaire vous rejetez toute la loi. Le sensualiste hardi se servira du nom de la philanthropie pour dorer ses convoitises ; mais la loi de la conscience est immuable. Deux confessionnaux existent, il faut entrer dans l’un ou dans l’autre. Vous pouvez remplir vos devoirs en suivant