Aller au contenu

Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

une route soit directe, soit réfléchie. Examinez si vous avez rempli vos devoirs envers père, mère, cousins, voisins, ville, chat, chien, et voyez si l’un d’eux peut vous adresser un reproche. J’ai mes propres et sérieuses exigences, mon cercle complet ; ils refusent le nom de devoirs à beaucoup d’actions appelées de ce nom. Mais si je me décharge de ces dettes, je puis aussi me passer de suivre les usages reçus. Quiconque croit cette loi relâchée n’a qu’à la suivre un jour.

« Il doit, en vérité, avoir quelque chose de divin celui qui secoue le joug des moteurs ordinaires de la société et ose se prendre lui-même pour guide. Son cœur doit être haut, sa volonté ferme, son regard lucide, pour lui permettre d’être sa doctrine, sa société et sa loi propre ; pour qu’une simple résolution soit aussi impérieuse pour lui qu’une nécessité de fer pour un autre.

« Si on observe sérieusement ce qu’on appelle maintenant de préférence le monde social, on éprouvera le besoin d’une doctrine morale comme celle-ci. »

Et j’ajoute que, si on observe sérieusement la nature humaine telle qu’elle est généralement, il sera facile de trouver que la morale d’Émerson produirait des êtres vaniteux et égoïstes ; qu’elle ne peut être bonne que pour des natures exceptionnelles, toutes d’une pièce et belles comme la sienne. Ce qu’Émerson méconnaît en général, c’est le dualisme enraciné dans la nature humaine. Cependant quelle fraîcheur vitale il y a dans ce cri : Soyez vrai ! soyez vous-même ! surtout quand il est poussé par un homme qui a prouvé qu’on peut, en étant vrai, remplir tous les devoirs de l’humanité comme fils, frère, père, ami, citoyen.

Mais — un chrétien véritable fait tout cela et — quelque chose de plus.