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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/217

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

mais pour dépenser, et n’économisera point avec égoïsme. Il a un esprit national vivant et pense surtout à laisser après lui, comme citoyen, une mémoire estimée et aimée plutôt qu’une grande fortune. Avec le produit de son travail, il fonde volontiers une institution ou un établissement de bienfaisance, qui, d’ordinaire, finit par porter son nom. Je connais des personnes dont le penchant au bien est si pur, qu’elles repoussent même cette récompense.

C’est dans les États du Nord que les idéalités morales de l’homme et de la société ont surgi avec plus de netteté, et se développent toujours davantage chez les descendants de la première colonie. Par suite des entretiens que j’ai eus avec les idéalistes raisonnables de mes amis, et de mes propres observations sur l’esprit des institutions de ce pays, voici, je crois, ce qu’on exige de l’homme et de la société pour lesquels la jeune Amérique lutte dans son intérêt et celui de sa mission envers l’humanité.

Chaque individu doit être véridique dans sa propre spécialité, être seul avec Dieu, et, partant de ce point de vue intime, agir au dehors selon sa conviction.

Il n’y a point de vertu pour un sexe qui n’en soit une aussi pour l’autre. Dans l’intérêt des mœurs et de l’ordre, il faut que les hommes atteignent la pureté des femmes.

On doit donner à la femme l’occasion de parvenir à tout le développement compatible avec sa nature, de cultiver son intelligence, comme les hommes cultivent la leur. Elle doit avoir le même droit qu’eux à chercher la liberté et le bonheur.

L’honneur qu’on retire du travail et son salaire honorable doivent être le partage de tous les travailleurs honnêtes. Tout travail est honorable par lui-même et doit être considéré.