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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/252

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LA VIE DE FAMILLE

rait contre un aperçu du monde pris au point de vue chrétien infiniment supérieur à celui du panthéisme qui dissout toute vie concrète et en fait une vie élémentaire. Il me semblait que l’intérêt spéculatif seul le conduirait, de ce qui n’était que général, dans ce qui est intime. Quand on a répété tout ce que la sagesse antique et le stoïcisme le plus noble ont pu dire sur l’Être suprême, sur « l’âme supérieure, » comme puissance impersonnelle et législative, qui produit et absorbe tous les êtres, qui est indifférente aux destinées et aux sentiments privés, obligée de se soumettre aveuglément à une loi universelle, éternelle, immuable : quand tout a été lu, a été dit, combien elle paraît grande et complète, la doctrine qui enseigne que Dieu est au-dessus de cette puissance mondaine ; que c’est aussi un père qui prend soin de chaque homme comme de son enfant, et prépare à chacun, selon son espèce, une part d’héritage infinie dans sa maison, qui voit tomber un moineau. — Voilà une doctrine qui suffit à tout !…

Et quand tout ce que le stoïcisme le plus noble peut dire à l’homme sur son devoir, sur le degré le plus élevé de noblesse qu’il peut atteindre, a été dit ; quand il a créé un Épictète, un Socrate ; quand il a placé Simon Stylite sur sa colonne, qu’il doit paraître haut et d’une hardiesse surprenante, ce précepte :

« Devenez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

Paroles et but qui suffisent pour nous faire grandir jusqu’à l’éternité ;

Et quand tout ce que les sages du vieux monde, tous les transcendentalistes du Nouveau-Monde ont pu dire sur la noblesse originelle de l’âme, sur le pouvoir qu’elle possède de conserver sa noblesse par la contemplation continue de l’idéal et en se tenant éloignée de ce qu’il y a de plus mau-